« Ces images en noir et blanc prises depuis l’intérieur des bunkers sont intemporelles, universelles et propices à la méditation ; qualités amplifiées par la nature répétitive de la série, car reposant sur un même type de points de vue, à différents moments de la journée. Les photographies de paysages marins d’Hiroshi Sugimoto me viennent à l’esprit, le rendu du sujet à la fois riche et minimal, dans une subtile palette de gris. De ces prises de vue, Sugimoto a déclaré : « Chaque fois que je regarde la mer, j’éprouve un sentiment de sécurité apaisant, comme si je visitais ma maison ancestrale. Je me lance dans un voyage nourri d’observations ». La série de bunkers ne procure pas ce sentiment de protection et de stabilité. Au sens où, dans chaque image, le contour des murs de l’édifice est visible, il semble percer la ligne de l’horizon marin vaste et ambigu.
L’architecture participe de façon très affirmée à la composition ; les bords irréguliers, inclinés et inégaux déterminent le cadrage de l’image. L’étendue du ciel et de la mer est révélée de part et d’autre de la ligne d’horizon, mais la photographie vient comme une réduction organique de ce paysage qui apparaît habituellement sans limites. Cette présence de l’architecture rompt le sentiment omniprésent de calme au centre du cadre ; c’est une rupture dans l’immobilité. Le bunker s’impose comme frontière face à un vide proche, à l’illusion de l’infini, là où la mer rencontre le ciel. Sa présence nous rappelle les forces qui dans l’histoire perforent et divisent : la guerre, les traumatismes non guéris et la peur persistante. »
Peter Funch
Hirtshals, Danemark, 2020
Lindesnes Fyr, Norvège, 2021
Heuqueville, France, 2021
Cap Blanc-Nez, France, 2021
Le Havre, France, 2021
Bulbjerg, Danemark, 2019
Peter Funch
a vécu à New York pendant 13 ans en tant que photographe. Diplômé en photojournalisme de l'école danoise de journalisme en 1999, Funch associe le commentaire social à un style cinématographique. Ses images fixes et animées combinent souvent la narration à un commentaire social pertinent. Il est présent dans de nombreux pays avec des expositions, des livres, des clients éditoriaux et publicitaires, qui mêlent sa perfection technique à des notes de calme nordique et d’humour. Il a travaillé avec des clients internationaux comme Sony, HSBC, le Whitney Museum.
Il a publié quatre monographies : Where Babel Tales, 42nd, Vanderbilt Picturing Routines et Rituals in the Public Sphere in New York City. Parmi ses expositions récentes, 42nd et Vanderbilt, Vevey, Suisse (2020), Street, Life, Photography (Group Exhibition), Fotomuseum Winterthur, Suisse (2020),
A History of Photography : Daguerréotype to Digital, Victoria & Albert Museum, Londres, Royaume-Uni (2018), The Triennial of Photography, Deichtorhallen, Hambourg, Allemagne (2018), Photography to end all Photography, The Triennial of Photography, Photo Biennale, Brandts, Odense, Danemark (2018), Friendships, Nivaagaards Malerisamling, Nivå, Danemark (2016), The Aesthetics of the Mobile Phone, Museum Angewandte Kunst, Francfort, Allemagne (2015).
Peter Funch
Né en 1974
Vit et travaille entre Copenhague et Paris
Représenté par la galerie V 1, Copenhague
© Benoit Eliot